Avant d’avoir entre les mains l’ouvrage «Hijacking Amerika’s Mind on 9/11» j’ajoutais foi à la version officielle des évènements du 11 septembre. Depuis j’ai lu deux fois ce livre. Il a fait table rase de mes précédentes convictions.
Je ne suis pas un expert en matière de 11 septembre et ne crois pas aux théories du complot. Cet évènement n’éveillaen moi qu’une certaine curiosité accompagnée d’une saine dose de scepticisme. Au début, lorsque des articles mettant en question la version officielle me tombaient sous la main, je me contentais de les lire puis de les mettre de côté. Il en est allé autrement du livre de Davidsson: il m’a immédiatement passionné.
Après avoir traversé toute l’Amérique en auto-stop et étudié les relations internationales à l’Université de Pennsylvanie, je savais à peu près au comment se comporte la société états-unienne. J’avais remarqué qu’aux USA tout incident grave est immédiatement suivi d’une enquête sur ses causes. En cas de crash aérien, c’est le Service national de sécurité des transports (NTSB) qui est chargé de déterminer les circonstances de l’accident : on reconstitue l’avion à partir de ses débris, on détermine les causes de l’accident et on publie un rapport où elles sont relatées. Or l’administration US n’a pas autorisé le NSTB à enquêter sur l’accident du 11 septembre. Exceptionnellement c’est le très discret FBI qui en a été chargé ; et il n’est pas tenu de publier ses conclusions. Pourquoi l’administration américaine a-t-elle tenu à les garder secrètes, chose qui ne s’était jamais produite?
Le livre de Davidsson répond à cette question. Son ouvrage est une étude très approfondie d’aspects particuliers, jusqu’ici négligés, des évènements du 11 septembre. La force de ce livre tient à la confiance qu’il accorde à la son emploi des sources primaires, afin que le lecteur puisse contrôler lui-même l’exactitude et la pertinence de la preuve.
Davidsson ne se contente pas, en ce qui concerne les sources, de simples renvois destinés au lecteur, mais il a mis en ligne sur son site un grand nombre de documents, ce qui épargne au lecteur de fatigantes recherches. Cet accès particulièrement agréable pour le lecteur indique à quel point l’auteur est prêt à se laisser examiner à la loupe. Ce qui rend son enquête si passionnante est son utilisation prudente des documents officiels de l’administration US pour saper les propres affirmations de cette dernière. Une grande partie de ses sources provient de documents du FBI empruntés aux archives nationales US-américaines (NARA).
L’auteur prouve de façon convaincante que la version officielle regorge de contradictions, d’anomalies, de hasards curieux, de mensonges et de preuves falsifiées ou rajoutées a posteriori, que des témoins ont été intimidés et des informations inventées. Une partie essentielle du livre est consacrée aux conversations téléphoniques que les passagers et membres de l’équipage ont passées avec leurs collègues ou familles. C’est de fait l’analyse la plus complète et la plus poussée de ces conversations jamais faite jusqu’ici. La teneur de ces conversations donne assez fortement l’impression que les auteurs des communications ne vivent pas un véritable détournement d’avion. Au lecteur de décider si cette impression est ou non justifiée.
Né en Palestine de parents juifs en 1941, Elias Davidsson a grandi à Jérusalem mais passé la plus grande partie de sa vie en Islande. Sans parler de sa double carrière : tout d’abord informaticien, puis professeur de musique et compositeur, il s’est intéressé à partir des années 90 au droit international et a publié dans des revues juridiques des articles à ce sujet ainsi que sur les droits humains et le droit pénal international. En 2002 il a commencé à enquêter sur les évènements du 11 septembre, en raison des incohérences que comporte la version officielle. L’ouvrage actuel constitue l’aboutissement de 10 années de travail.
Le livre comporte 4 parties et 14 chapitres. Il est narratif et facile d’abord. C’est le premier ouvrage à montrer de manière indubitable qu’il n’existe aucune preuve que des terroristes musulmans aient détourné des avions le 11 septembre 2001. Mais il ne se borne pas à réfuter cette affirmation. Il montre aussi que les autorités des USA ont négligé en divers endroits d’identifier les fragments des avions accidentés ou prétendus tels. Davidsson invite ses lecteurs à découvrir eux-mêmes, à la lecture de son analyse exhaustive des conversations téléphoniques, quelle est à ses yeux la meilleure théorie relative à l’arrière-plan de ces conversations.
Avant que ses lecteurs ne se lancent sur les traces complexes de cette affaire, Davidsson souligne la rapidité prodigieuse avec laquelle a été mise en place la version officielle : au bout d’un quart d’heure, CBS désignait Oussama ben Laden comme le principal suspect. Environ 20 minutes après qu'un avion eut percuté la deuxième tour, le Président Bush déclarait que « l’Amérique avait été attaquée » en l’absence de toute preuve que ces évènements eussent un lien quelconque avec des étrangers. Les faits n’avaient pas encore été examinés que le Congrès se réunissait - 24 heures après l’évènement. En s’appuyant sur une déclaration du sénateur Lott, Davidsson a révélé que la résolution du Congrès avait déjà été rédigée la veille des accidents.
Pour l’auteur, le 11 septembre est un « coup de pub » magistralement préparé. Les auteurs de la dramaturgie du 11/09 ont dû escompter que les évènements retransmis en live à la télévision uniraient le peuple US-américain derrière son gouvernement. Et il a bien été ainsi. Le rôle des USA et des médias occidentaux dans la promotion de la version officielle du 09/11 est bien connu. Les médias établis négligent volontairement ou par réflexe les faits susceptibles de saper la foi que tout le monde accorde à la version officielle, par exemple l’aveu fait par le FBI, en juin 2006, qu’il ne possédait aucune preuve véritable de l’implication d’Oussama ben Laden dans les évènements du 11 septembre.
Est-il possible de contester le travail de Davidsson ? On pourrait objecter qu’un crime aussi énorme que le 09/11 a impliqué tant de gens qu’il était impossible qu’un tel complot reste secret. L’un des nombreux participants aurait dû vendre la mèche. Cette objection est-elle convaincante? Que signifie « vendre la mèche » ? Est-il si vraisemblable qu’un témoin oculaire l’ait vendue ?
D’abord il faudrait se rendre compte que les complots des gouvernements ne restent pas toujours secrets. Souvent des scientifiques et des historiens les découvrent. Mais tant que leurs révélations restent confinées aux ouvrages scientifiques et négligées par l’ensemble des médias, le grand public les range sous la théorie des complots. Quelques exemples devraient suffire:
En 1967 Israël et les USA s’unirent pour tenter de couler l’US-Liberty au large des côtes israéliennes. Les membres de l’équipage US survivants de ce perfide attentat essayèrent de porter le complot à la connaissance du public, mais sans y réussir. Les faits ont été documentés avec la plus grande exactitude par le journaliste britannique Peter Hounam, qui a interviewé des survivants et acteurs du drame. Ceux qui veulent savoir savent, mais le grand public l’ignore toujours.
L’étude de Tuskegee sur la syphilis, « vraisemblablement l’un des pires scandales de la recherche médicale aux USA », a été conduite entre 1932 et 1972. L’omerta dont cette expérience faisait l’objet n’a été brisée qu’en 1972 par un lanceur d’alertes, soit au bout de quarante ans.
L’opération Gladio mentionne des actes de terrorisme commis durant la Guerre froide par les services secrets italiens, belges, grecs turcs et peut-être allemands. Ces actes meurtriers visaient à donner l’impression qu’ils étaient le fait de groupes gauchistes. En Europe occidentale, l’opération a été tenue secrète pendant 40 ans sans que quiconque vende la mèche. Elle a été révélée en 1990 par le Premier ministre italien Julio Andreotti dans un discours au Parlement, mais même ensuite le grand public n’a pas été mis au courant, les grands médias ne lui ayant pas fait beaucoup de publicité. La plupart des Européens, y compris des universitaires, journalistes et politiciens, ne sont pas conscients de ce complot meurtrier ourdi par leurs gouvernements. Et ceux qui n’en sont pas conscients seront tentés de le ranger parmi les « théories du complot ».
À la discrétion médiatique sur les complots d’État il faut ajouter le « modus operandi » des opérations que l’on a découvertes. Les opérations conduites par l’armée sont toutes couvertes par le « secret défense. » Michael Ruppert, l’un de ceux qui ont enquêté sur le 09/11, rappelle au lecteurs que « l’administration US, depuis le projet Manhattan jusqu’aux avions furtifs, a réussi à garder des secrets alors que des milliers de personnes étaient impliquées. Deuxièmement, je pense qu’un complot de cette dimension et de ce type (il s’agit du 09/11) ne nécessite pas que des milliers de gens soient au courant de tout. Les USA ont réussi à maintenir le silence autour de la bombe atomique ou des avions furtifs , ou de toute autre opération secrète, en éparpillant les informations. Un technicien qui purifiait de l’uranium dans le Tennessee en 1943 ne saura rien l’emploi qu’on voulait en faire et ne se sentira en rien coupable des morts que tout ce qui était lié à cet uranium a provoquées. Un autre technicien, qui fabrique en 1983 dans l’Ohio une résine polymère, ignorera complètement à quoi ressemble un F117A et à quoi il va servir.
Bien des gens croient que les fonctionnaires d’un gouvernement sont au courant des pratiques illégales de leurs départements ou que leurs supérieurs vont aussitôt avertir la police ou les journalistes. C’est une conviction infondée. Dénoncer un grand crime d’État exige beaucoup de courage personnel, comporte des risques pour votre carrière, et même votre sécurité, voire votre vie. Et même ceux qui ont le courage d’être lanceurs d’alerte ne peuvent être sûrs que ceux à qui il confie ses informations les publieront ou s’il les mettront au panier ou même avertiront ses supérieurs. Qu’on pense à Bradley Manning, Edward Snowden ou Julian Assange! Malheureusement la plupart des gens n’osent pas poser l sur le 09/11 es questions les plus élémentaires, car ils craignent d’être mis au ban, voire de perdre leur job. Le courage civil est une vertu rare.
En résumant ses conclusions, Elias Davidsson se réfère aux droits humains, parmi lesquels le droit des familles des victimes du 09/11 là savoir ce qui est arrivé à leurs proches et celui de la société que soient identifiés, assignés en justice et punis les auteurs, organisateurs et facilitateurs du massacre. Il voit en outre dans les efforts faits pour faire la lumière sur les attentats du 11 septembre un potentiel révolutionnaire, car une clarification dévoilerait l’échec monumental de nos institutions à obtenir la vérité sur ces évènements meurtriers.
Le livre de Davidsson ne constitue pas une introduction aux études critiques sur le 09/11. Il s’adresse à ceux qui sont conscients des grandes absurdités de la version officielle. Ceux qui s’inquiètent de la transformation insidieuse de nos démocraties occidentales en États policiers et ceux qui sont opposés aux guerres menées par les USA et leurs alliés doivent le lire.
Traduit par Michèle Mialane ici.